Ils sont une quarantaine de chauffeurs routiers, spécialisés dans le transport d'enfants pour partie atteints de handicap, pour d'autres isolés, afin de les emmener et les ramener de l'école. Les salariés de l'entreprise Expotrans ont exercé leur droit de retrait, mardi 16 avril : leur salaire de mars ainsi que leur treizième mois n'ont pas été versés par l'entreprise. Expotrans a passé un contrat avec la région Pays de la Loire et a emporté un appel d'offres pour s'occuper du transport de ces enfants : il s'agit d'un cas unique dans la région, le transport relevant traditionnellement de la compétence des départements.
« J'éprouve de la haine »
« Cela fait deux ans que je suis dans l'entreprise, confie Audrey Coulon, transférée d'une entreprise concurrente quand Expotrans a emporté l'appel d'offres. Nous y subissons depuis beaucoup d'humiliations, entre le stress et les mauvaises surprises... Serons-nous payés ? Combien serons-nous payés ? Les heures passées sont-elles vérifiées ? »
Le préjudice s'étend en moyenne entre 600 et 1200 euros pour les conducteurs, en situation précaire, vivants de contrat de quinze heures par semaine et gérant plus de 300 enfants. « J'éprouve de la haine, ne peut s'empêcher d'hurler Danielle Cottier, jeune retraitée de 67 ans. Ils sont en train de nous laisser crever de faim. Je suis une retraitée qui bosse car j'ai une petite retraite. La région s'est moquée de nous. L'entreprise a cassé les prix au moment de l'appel d'offres, c'est inadmissible ! »
Qui emmènera les enfants à l'école à la rentrée ?
Derrière ces vies, ce sont les enfants atteints de handicap ou isolés qui pâtissent de la situation. « Depuis le 16 avril, des enfants n'ont pas pu aller à l'école, constate sèchement Julien le Cornec, responsable de la Mayenne pour Expotrans. Certains ont pu se débrouiller. D'autres, non. »
Pour l'instant, les vacances scolaires de Pâques offrent un peu de répit à la Région pour trouver une solution. Au total, quarante familles sont dans l'urgence. « Que se passera-t-il le 6 mai, pour la rentrée ? s'interroge Julien le Cornec. Nous sommes quarante familles en urgence alimentaire et financière. Qui emmènera les enfants à l'école ? On ne peut pas les laisser sans solution. » Pour Audrey Coulon, la situation est tout aussi dramatique. « Nous sommes amers et aux abois, confie la conductrice. Les élèves sont les principales victimes et nous sommes aujourd'hui obligés d'arrêter. Nous sommes désolés pour les enfants. »
Allô, y a-t-il quelqu'un au bout du fil ?
Pour s'en sortir, les conducteurs se serrent les coudes. Certains demandent l'aide de leur famille. « Nous allons lancer une cagnotte pour aider les collègues », affirme Danielle Cottier. Giuseppe Peloquin, jeune conducteur de 21 ans, s'étonne : « À mon âge, je ne pensais pas connaître des problèmes de banque... »
Julien le Cornec, responsable de la Mayenne pour Expotrans n'a également pas été payé. - Pierre Hardon
L'entreprise, en face, ne répond pas. Le Courrier de la Mayenne l'a constaté en appelant plusieurs fois en trois jours des membres de l'entreprise et notamment son directeur, Amine Belayadi. Julien le Cornec lui aussi n'a plus de son, plus d'image... Et une furieuse impression d'avoir, face à lui, une entreprise fantôme. Un avocat parisien est pris, un juge référé sur le point d'être saisi... « Nous irons jusqu'au bout ! » s'encouragent les chauffeurs qui crient aujourd'hui à l'injustice et demandent l'aide de la Région.
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