D'une confrontation annoncée musclée, devaient découler des solutions pour sauver « l'Ehpad le plus endetté de Mayenne ». Vendredi 19 avril, la réunion entre les représentants des familles au Conseil de vie sociale (CVS) et la direction de l'établissement public Saint-Laurent s'est terminée en mauvais western, sans les musiques d'Ennio Morricone.
Le CVS a démarré le face-à-face par la lecture d'un communiqué à la direction. « Les familles, les résidents et le personnel n'en peuvent plus de cette direction qui met les personnes en souffrance. » La première attaque d'une longue liste destructrice, qui a finalement eu raison de la directrice de l'Ehpad, Monique Cherbonnel, partie se réfugier dans son bureau, une dizaine de minutes après le début de la réunion.
La punching-ball
Laissée à l'abandon, la directrice adjointe et cadre de santé, Maryline Chesne, fait office de punching-ball. Face aux reproches envahis de sous-entendus (« Où va l'argent ? »), elle tente parfois, entre deux accusations du CVS, de formuler des débuts de réponse - le plus souvent sans grande conviction : « Si on recrute on creuse le déficit de l'établissement », « Est-ce que la direction est fautive de l'inflation ? » ou encore « Vous n'avez pas la connaissance des dossiers médicaux. »
Faute de calmer les ardeurs, Maryline Chesne les attise. La directrice adjointe et cadre de santé est prise pour cible. Un fantasme naît : certains membres du CVS parlent de ses « deux salaires ». Des murmures vont et viennent. « Qu'elle reprenne son poste de soignante à temps plein » , grommelle l'une des membres du CVS. Plus tard, Christophe Guémas, aide-soignant à l'Ehpad Saint-Laurent, éteindra l'incendie : « Maryline ne touche pas de rémunération pour son poste de directrice adjointe. »
« Nous sommes choqués »
La réunion se termine d'un silence commun. Deux murs se sont heurtés : sans surprise, aucun n'est en capacité d'apporter des solutions instantanées au déficit de l'Ehpad (300 000 € en 2023). À la sortie de la maison de repos, la « fuite » de la directrice est au cœur du débat. « Nous sommes choqués » , exprime une aide-soignante.
« La directrice doit parler aux grands bureaucrates et elle n'est même pas capable de nous affronter nous ? » , s'agace une autre. « Il faut voir comment elle s'est fait agresser aussi » , tempère finalement une troisième. Dans le hall de l'Ehpad, le CVS se déchire. L'une de ses membres a rendu sa démission. « Ce n'était pas le bon moment pour ça. C'était gratuit et agressif. Ce n'était vraiment pas le but de cette réunion. »
« Un des résidents a passé la nuit au sol »
Les opinions se dispersent mais toutes se rejoignent en un point cardinal : l'Ehpad public Saint-Laurent va mal. « Il y a trois nuits, l'un des résidents, est tombé par terre, raconte une membre du CVS. Il est resté toute la nuit au sol ! » Le communiqué lu à la direction dénonce - entre autres - la surpopulation de la maison de retraite. « L'établissement a un agrément pour 102 résidents et 1 accueil temporaire. En ce moment, il accueille 106 résidents. L'établissement est hors-la-loi, et bien sûr, sans personnel en plus. »
Le véritable responsable était-il présent dans la salle aujourd'hui ? « Il faut que l'ARS, le département et les caisses de retraite prennent leurs responsabilités, tonne le maire de Gorron, Jean-Marc Alain, aussi président du Conseil d'administration de l'Ehpad Saint-Laurent. Il y a un problème de disparité de charges entre les Ehpad publics et privés. L'établissement paie une taxe autour de huit euros par jour par résident. Huit euros par 103 résidents, chaque jour, vous faites le calcul à l'année… On approche les 300 000 €. Sans cette taxe le déficit serait comblé. »
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