"En deuil !" Les mots sont tagués en noir sur la porte de la maison d'arrêt de Laval, mercredi 15 mai. Les surveillants pénitentiaires ont dressé une tonnelle pour se protéger de la pluie et ont pris un thermos de café pour passer le temps. Dans la prison, les surveillants dont c'est le tour travaillent. Pas de parloirs, pas d'avocats, pas de visites... Rien, la prison est fermée, morte. Les discussions tournent autour de l'attaque de leurs collègues, qui a eu lieu mardi 14 mai dans l'Eure, et a fait deux morts. "Nous sommes tous choqués. Nous avons tous entre 20 et 25 ans d'ancienneté : ce sont des gens que nous connaissions, que nous avons côtoyé, soit dans des établissements parisiens, soit à Caen. Nous sommes abasourdis", commente tristement Fabrice, secrétaire adjoint de l'UFAP, syndicat pénitentiaire autonome.
Les surveillants ont peur. Ils ne se sentent pas en sécurité, eux qui sont pourtant en première ligne. À Laval, ils côtoient des violeurs et des meurtriers en attente de jugement dans la maison d'arrêt. "Nous aussi, comme nos collègues morts, nous réalisons des extractions : nous ne sommes pas du tout à l'abri. C'était un guet-apens, ils n'avaient aucune chance."
"Nous faisons avec les moyens du bord"
Devant la maison d'arrêt de Laval, c'est la colère qui gronde. Le travail est difficile. "Les prisons françaises sont de vrais gruyères : tout le monde y entre. Des drones, des parachutages... Nous retrouvons des portables tous les jours, de la drogue aussi." A Laval, il y a deux fois plus de prisonniers que de places prévues : 56 places pour 105 détenus. "Ça devient très compliqué, nous faisons avec les moyens du bord. Quand nous devons rajouter une personne dans une cellule, il dort sur un matelas au sol."
Croient-ils aux paroles du ministre de la justice Éric Dupond-Moretti ? "Ils vont mettre les moyens pour les retrouver. Mais ça ne ramènera pas nos collègues."
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