D'apparence, la fratrie Auffray ne paraît pas si mal lotie que cela : un pavillon moderne en sortie de ville de 9 m² avec salle de bains fonctionnelle et cuisine équipée, ainsi qu'un terrain assez grand pour accueillir deux à trois caravanes. Pour Patricia, Solange et Émile, gens du voyage à l'origine qui voulaient se sédentariser dans les années 2000, il s'agit là d'un beau point de chute à 235 € par mois dus à la Ville de Mayenne.
Tumeur au cerveau après un cancer du sein
Mais ces derniers mois, les états de santé de chacun se sont dégradés. Émile, 53 ans et cadet du trio, est interné depuis près d'un mois au service psychiatrie du Centre hospitalier du Nord-Mayenne (CHNM). "Il est trisomique et il en a marre de cette vie, il est fatigué…", raconte sa grande sœur, 60 ans.
Avec leur ainée Solange (62 ans), Patricia avait recueilli Émile à sa vingtaine, alors tourmenté avec leur parent. Solange, elle, a été diagnostiquée d'une tumeur au cerveau il y a deux mois… Quelques années seulement après s'être remise d'un cancer du sein. Comme Émile, elle sera bientôt considérée comme personne en situation de handicap.
"Mon frère se laisse mourir"
Comme Patricia aussi. Diagnostiquée en dépression chronique, elle touche l'allocation aux adultes handicapés (AAH) depuis plusieurs années. Alors que sa sœur avait quelque peu la responsabilité de la famille, était la référente, Patricia doit aujourd'hui assumer ce rôle. "Mon frère se laisse mourir à l'hôpital. Donc tous les jours je prépare à manger et j'y vais de 10h30 à 19h. Il pleure et me dit qu'il veut rentrer à la maison", témoigne-t-elle le regard fuyant vers les quatre coins de la pièce de vie.
Mais le logement n'est plus adapté à trois personnes en situation de handicap. "Ma sœur et mon frère ne peuvent plus dormir sur des matelas à même le sol." Techniquement, leur caravane aurait pu être un bon repli pour dormir. "Mais Émile ne peut plus monter de marches et le sommier est cassé donc Solange ne pourrait pas se relever." Surtout, "je vais la vendre car nous n'avons presque plus d'argent".
Le CCAS pleinement engagé
"Tout arrive d'un coup... Ça commence à me faire couler, concède Patricia. Je suis épuisée et je me sens seule." Dans l'urgence de la situation, elle s'est tournée vers le centre communal d'action social (CCAS) de Mayenne. "Elle nous a contactés récemment : le 23 avril", confirme Aurélien Angot, directeur de l'action sociale et de la santé publique pour Mayenne Communauté.
"Le logement était adapté au mode de vie auquel ils aspiraient quand ils sont arrivés. Mais la situation est aujourd'hui bien connue. Il y a énormément d'interlocuteurs impliqués, notamment l'Amav (Association mayennaise d'action auprès des gens du voyage). Ils ont des demandes très particulières auxquelles nous ne sommes pas en mesure d'y trouver solution aujourd'hui. Mais j'ai bon espoir qu'on leur fasse une proposition dans les prochaines semaines."
Patricia se dit prête à prendre "un petit appartement". Elle aspire ainsi à revivre avec les siens. "Ma sœur et mon frère sont toute ma vie, nous sommes fusionnels."
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