Mardi 14 mai à Laval, l'intersyndicale enseignante de la Mayenne avait organisé une réunion publique au sujet des classes de niveaux en mathématiques et en français, réforme également dite du "choc des savoirs", que souhaite mettre en place le ministère de l'Éducation nationale dès la rentrée 2024. Cette mesure - qui s'appliquerait uniquement aux écoles publiques - pose de nombreux problèmes au corps enseignant et aux parents d'élèves, que ce soit sur le plan économique, social, et administratif. "Les enfants vont entrer en sixième à l'âge de 10 ans et vont avoir cinq emplois du temps différents à retenir ! C'est un stress énorme dès la rentrée pour eux", explique Thomas Cabioche du Snes FSU et professeur remplaçant à Port-Brillet et à Laval.
"Il faut refuser de faire ce tri"
Pour répartir les élèves selon leur niveau, ils vont tous devoir passer un test sur un ordinateur : premier problème pour les professeurs. "À 10 ans, ils ne savent pas tous se servir des outils informatiques. Mais nous ne pourrons pas les aider, car nous n'avons pas accès aux évaluations. Certains ne sauront pas comment répondre et vont se retrouver dans un groupe "faible" alors que ce n'est pas représentatif de leur niveau." Les professeurs présents ont appuyé aussi sur le "stress" que ces changements pourraient provoquer aux enfants. "Cette mesure va à l'encontre de l'estime de soi. Les groupes les plus forts vont être favorisés et les autres vont encore plus souffrir. Il faut refuser de faire ce tri", ajoute Véronique Heisserer, secrétaire départementale CGT et professeure dans un lycée.
Les enseignants ont également peur de la charge administrative de cette mesure. "Ça va dégrader nos conditions de travail. Certains enseignants vont devoir faire deux voire trois heures de cours à la même classe à la suite", poursuit Thomas Cabioche. "Et puis il manque des postes : à Andouillé il n'y a que trois professeurs, mais quatre groupes, comment ont fait ?", ajoute Aurélien Petitfils, de sud éducation et professeur au collège.
Obligation ou pas obligation ?
Adèle Gaultier fait partie du conseil départemental des parents de la Mayenne et appréhende les dégâts de cette réforme. "Nos enfants sont encore des tests ! Ils vont parfois se retrouver avec quatre évaluations dans la même journée, avoir trois classes différentes. Ceux qui auront le meilleur niveau ne vont pas non plus aller vers les autres et ça me fait peur."
Des questions sur le ton du stress se sont enchaînées : "Qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce que l'on est obligé ? Peut-on contester les évaluations ? Si on tombe là-dedans, je ne vais plus pouvoir me regarder dans une glace." Certains ont déjà pris leur décision. "Je refuse en tant qu'enseignant de les classer par niveau. Soit c'est le directeur qui le fera tout seul, soit on fait plusieurs classes hétérogènes, mais on contourne la règle", a assumé un professeur.
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