À le voir déambuler dans les ruelles de Mayenne, en pointant ici les fondations d'une maison détruite et là une bâtisse calcinée, on comprend que les souvenirs sont encore vifs dans son esprit. Ils datent pourtant d'il y a 80 ans. Claude Montaufray avait 6 ans le soir du 8 au 9 juin 1944 et il dormait dans une maison au pied du château lorsque les bombes ont éventré notre ville.
Les détails toujours intacts
Malgré les années, l'actuel président des associations patriotiques de Mayenne continue de témoigner avec détails de ces terribles douze minutes, pourtant décisives dans la Libération, où 1 200 bombes des forces alliées terrassent le cœur du Nord-Mayenne. Là réside la force du devoir de mémoire, de la transmission jusqu'au bout.
« Ma maman a tout de suite compris »
Pour repousser l'occupant nazi, les Alliés attaquent donc ce lieu stratégique et ses ponts. Alors qu'il monte les marches au pied du château vers le coin d'herbe qui surplombe le quai Carnot, Claude raconte : « Là-haut, il y avait le petit jardin de mon père, et là, adossée au pied des murailles, notre maison. » Elle n'est plus là, détruite après avoir été rendue inhabitable par le bombardement.
« Dans la nuit, ma maman a tout de suite compris lorsqu'elle a vu les avions et les fumées au-dessus du pont Notre-Dame, poursuit le Mayennais de 86 ans. Elle a ouvert la porte de ma chambre et la première bombe a explosé. J'ai sauté de suite au pied de mon lit ! » Les Montaufray (Claude a deux petites sœurs) ne sortent pas et attendent dans leur salle commune.
Un "exil" jusqu'à Châtillon-sur-Colmont
« Je me souviens encore très bien des paroles de ma mère : "Tu sais Claude, ou on survit, ou on y passe tous. Je ne veux pas d'orphelin." Et ça tremblait pas mal… Un carillon était même tombé dans le salon ! » Quand tout cela s'apaise, la famille tente de sortir. Impossible du côté de leur palier rue Jeanne-d'Arc, où à moins de 100 mètres le pont Notre-Dame n'est plus.
Heureusement, leur sortie côté rue du Château est libre. Les Montaufray et les Mayennais s'exilent alors, à pied, vers Châtillon-sur-Colmont, à onze kilomètres. La famille de Claude sera finalement hébergée à Brecé. Les semaines qui suivent, le bilan tombe : 345 morts, 250 blessés, 722 maisons détruites et 892 bâtisses endommagées.
« Dans ces moments-là, on ne pense qu'à une chose : la survie. » Alors, pour ne pas oublier cette nuit de peur, le sacrifice des Mayennais et continuer de transmettre les souvenirs à chaque génération, Claude Montaufray espère voir les Mayennais nombreux à la commémoration de dimanche.
Pratique Commémoration dimanche 9 juin : 9h45, rassemblement au cimetière ; 10h30, recueillement à l'ancien hôpital ; 11h15 cérémonie place du 9-Juin 1944.
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