En octobre 2023, Yvonnic Tripotin et Jennifer Vatel avaient récupéré les clés de l'ancien site de l'entreprise de menuiserie Yannick Maline, situé avenue de Sablé à Meslay-du-Maine. Un contrat de location d'un an avec possibilité d'achat par la suite avait été signé avec le propriétaire. Partant du constat qu'il n'existait pas de maison partagée dans le département, ils se sont lancé le défi d'en créer une. "C'est un projet qu'on avait en tête depuis la Covid. Les personnes âgées étaient isolées et il y avait un cruel manque de centre d'accueil pour les jeunes. Alors on a voulu proposer un endroit où tout le monde pourrait se réunir, retrace Yvonnic Tripotin, assis sur une chaise dans sa cuisine. Nous voulions organiser de nombreuses activités comme du jardinage, du bricolage, de la couture... Des moments conviviaux que les jeunes et les anciens auraient pu partager." Ils ont donc créé une association et ont investi de grosses sommes d'argent de leur poche pour des travaux, "plus de 10 000 €", confie Yvonnic.
"Un procès sur notre vie personnelle"
En janvier 2024, Jennifer monte tout un dossier auprès du Département pour demander le droit de s'occuper des enfants. Six mois plus tard, elle apprend que sa demande est rejetée. "Une puéricultrice et une psychologue étaient venues à la maison pour nous observer au quotidien, voir comment nous préparions notre projet. Mais au-delà de ça, on nous a jugés personnellement, se souvient Jennifer, qui exerce le métier d'aide soignante. Nous avons eu le sentiment d'avoir un procès sur notre vie personnelle." Son mari, assis sur la chaise d'en face, ajoute sur un ton agacé : "Ils nous ont fait comprendre qu'il ne fallait pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. En clair, nous nous étions trop investis dans le projet avant d'avoir la réponse du Département. Mais en parallèle, on nous a clairement dit qu'il manquait des installations pour accueillir les enfants. Cela n'a aucun sens." Pour ces parents qui travaillent tous les deux dans le monde médical (lui est agent de sécurité à l'hôpital de Château-Gontier), c'est l'incompréhension totale. "On voulait proposer quelque chose à taille humaine. On avait la possibilité de s'organiser pour qu'un de nous deux soit toujours présent au sein de la maison multigénérationnelle", ajoute Jennifer.
Obligés de quitter le logement
Le couple décide donc de ne pas continuer son projet, "à contrecœur", reprend Yvonnic en se préparant un café. "On ne voulait pas que les gens pensent qu'on abandonne et qu'on a fait des promesses en l'air à notre arrivée. Nous sommes réellement tristes de ne pas voir notre projet, pensé depuis quatre ans, se réaliser." Les deux parents sont également contraints de quitter le logement en septembre avec leurs deux filles, laissant derrière eux les neuf mois d'investissement intense, et leur rêve.
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