Mayenne. L'étonnante épopée de François Pyrard (3/11)

"Les navires sont des mouches dans la toile d'araignée de la mer", écrit Victor Hugo dans l'Homme qui rit. Le maître d'équipage du Corbin sur ordre de son capitaine François Le Grout du Clos-neuf, se trouve à portée de voix du Croissant qui est le bateau amiral d'une flotte de deux navires marchands malouins affrétés par François Pyrard. Le Lavallois a pris place à bord du Corbin pour découvrir de nouveaux marchés et vendre aux Indes orientales ses voiles tissées à Laval.

François Le Grout du Clos-neuf le capitaine du Corbin demande à La Bardelière, amiral de la flottille, si son choix de route de navigation est bien le bon. L'amiral de bibliothèque qu'il était, avoue ne pas connaître les eaux traversées mais il assure derechef qu'on est loin des Maldives. Il donne ses instructions : Par précaution, les deux navires vont naviguer d'abord à l'ouest jusqu'à minuit puis à l'est avec pour but de se retrouver très exactement au même endroit au lever du jour. Manœuvre simple a priori.

Le pilote, comme les autres, boit de trop

L'infortuné capitaine du Corbin, est sûr que l'on se dirige bien vers les Maldives, territoire redouté. De toute évidence, il ne faut pas se fier aveuglément aux ordres de l'amiral. Mais à bord personne ne veut écouter un homme malade. L'équipage le pense à moitié mort et en profite pour ouvrir tonneaux de vin et bouteilles de rhum. Ce qui est grave c'est que le pilote suit l'exemple de tous, marins comme passagers, se saoulent...

Le Corbin est laissé à lui-même et dérive dangereusement. Un choc épouvantable survient en pleine nuit suivi d'un second qui réveille tout le monde à bord. Le navire talonne et se couche sur un banc. Les hautes vagues déferlent alors sur le pont. Pour alléger le bâtiment les hommes abattent le mât de misaine. Ils tirent un coup de canon pour alerter leurs compagnons du Croissant. Ces derniers voient le bateau en perdition et s'éloignent le croyant totalement perdu. Il poursuit sa route vers Sumatra.

François Pyrard veut mettre pied à terre

Abandonné, François Pyrard ne peut croire que sa fin est proche, il réunit quelques passagers pour confectionner un radeau. Les marins du bord ne l'aident guère, ils s'en amusent d'ailleurs. Ils boivent et dilapident la nourriture pensant leur dernière heure arrivée. Malheureusement le radeau ne tient pas la mer, la houle est trop forte pour ce type d'esquif. Il se retourne et manque de noyer tous ceux qui s'étaient aventurés à son bord.

Revenus sur l'épave du Corbin, Pyrard et les siens réparent avec beaucoup de difficultés le grand canot qui a coulé une première fois au large de la Guinée. Cette embarcation est la seule à pouvoir naviguer sur cette mer déchaînée. Après plusieurs heures d'efforts, en compagnie du capitaine toujours en vie, le canot touche enfin la terre ferme. Ils se croient sauvés sur cette île nommée Furudu. On est aux Maldives, à 8 000 kilomètres de la France.