Une dizaine de résistants sont arrêtés dans la cour de ferme de la Houanardière, pris au piège par les Allemands le 30 juillet 1944. Beaucoup mourront avant même d'arriver sur leur lieu de déportation alors que le 6 août, Bonchamp et Laval sont libérés. Leur histoire, nous la connaissons surtout grâce au témoignage de deux jeunes de l'époque, Odette Bertron, 10 ans, et Edmond Oger, 17 ans, recueillis par l'historien amateur local Robert Cherbonneau, il y a une quinzaine d'années. La jeune Bonchampoise recevait régulièrement la visite de plusieurs jeunes pour des parties de pêche, notamment des réfugiés parisiens, installés au moulin du Quartier, mais aussi Edmond et Fernand Oger, en vacances chez leur oncle et tante au Grand Barbé. Les deux jeunes hommes ont l'habitude de côtoyer les Allemands : des officiers sont installés dans le logis de la ferme. Ils ont déjà connu une première frayeur en rentrant tard un soir à la ferme, ayant maille à partir avec une sentinelle. Mais cet après-midi du 30 juillet 1944, c'est une tout autre histoire qui va se dérouler à la Houanardière, la ferme de la famille Bertron.
"Ce n'est pas un entraînement"
Installé près de la mare, Edmond voit passer un soldat allemand puis "cinq ou six autres" et se rend vite compte que "ce n'est pas un entraînement." N'ayant trouvé personne au moulin du quartier, où ils étaient venus arrêter des résistants, ils se rabattent avec réussite sur la ferme. L'encerclement fait, "les mitrailleuses crachent, tout le monde se réfugie dans la maison". Marcel Bertron envoie ses enfants à l'étage, rejoindre leur mère alitée avec la jaunisse. Une protection sanitaire, car les Allemands craignent la contagion. Deux hommes tentent de s'enfuir par l'arrière, sommation allemande, l'un des deux poursuit avec la petite Odette dans les bras. Poursuivi dans le jardin, il est visé et touché au genou. La petite, traumatisée, ne bouge plus. Tous ceux restés dans la maison sont sortis et alignés dans le milieu de la cour, à portée de mitraillettes. Après les cris et les pleurs des plus jeunes, le silence s'impose pendant de longues minutes avant que les Allemands se décident à questionner sur la présence d'armes. Les Parisiens présents ici sont en effet des résistants qui organisent notamment des parachutages d'armes en allumant des feux pour guider les avions alliés, dans une zone abritée toute proche.
Emprisonnés à Angers
Les Allemands laissent le blessé, Fernand, être conduit à l'hôpital St-Julien, accompagné de son frère. Celui-ci, notre témoin, indique : "quand je suis de retour à la ferme en fin d'après-midi, il n'y a plus personne". On apprendra plus tard qu'ils ont été emmenés par la Gestapo dans une prison angevine puis montés dans un convoi dont la locomotive est mitraillée à St Patrice, une tentative d'évasion s'ensuit, la plupart des fuyards sont exécutés sur place. Les Lavallois Georges et Marguerite Le Cavelier sont eux déportés, dans les camps de Neuengamme et Ravensbrück auxquels ils survivent, jusqu'à leur libération en avril 1945.
Pratique Jeudi 19 septembre à 20h une conférence aux Angenoises animée par Marie-Claude Tourtelier, professeure agrégée, vice-présidente de La Vigie-Mémorial des déportés de la Mayenne, évoquera notamment la destinée de ces déportés.
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