C'est un tout petit village de 338 habitants, le dernier avant d'arriver en Sarthe. Quand on le traverse on peut voir une borne de la liberté presque semblable à celles qui jalonnent certaines routes depuis Sainte-Mère-Église, premier village français à avoir été libéré de l'occupant nazi le 6 juin 1944. Presque, car celle-ci n'a pas été installée par les Américains mais par l'État français pour marquer la route empruntée par la 2e DB du général Leclerc depuis la Normandie, où il avait débarqué le 1er août 1944 avec sa division blindée. En marche pour libérer Paris, le général Leclerc et le général Patton se sont retrouvés au carrefour des routes de Bannes, Cossé-en-Champagne et Épineux-le-Seguin et sont entrés ensemble dans le village de Cossé-en-Champagne. Une plaque commémorative a d'ailleurs été apposée à ce carrefour pour rappeler l'évènement. Stéphane Foucher, le maire, l'association du Patrimoine ainsi que celle des anciens combattants ont voulu marquer cet anniversaire en invitant les enfants de l'école à venir rencontrer les anciens du village - qui étaient encore des enfants à cette époque. C'est sous un chaud soleil d'été que petits et grands se sont retrouvés au pied de la borne.
Faire témoigner ceux qui étaient enfants à cette époque
Le maire a expliqué qu'il avait " souhaité cette commémoration pour sensibiliser les enfants en leur expliquant pourquoi il y avait cette borne à l'entrée du village, faire témoigner ceux qui étaient enfants à cette époque et garder une trace sonore de cet évènement dans la continuité de l'ouvrage sur Cossé paru en 2013". C'est ensuite Marie Thérèse Byram, qui a raconté de manière très simple aux enfants ce qui s'était passé il y a quatre-vingts ans, et pourquoi il y avait cette borne à l'entrée. En effet, si tous en connaissaient l'existence, peu savaient ce qu'elle représentait. Puis ce sont les anciens qui ont pris la parole pour évoquer leurs souvenirs de cette journée du 8 août 1944. Ainsi André Desnos, 97 ans, raconte : "J'avais 17 ans au moment de la libération. Je travaillais avec mes parents dans une ferme à 1 kilomètre du bourg, j'ai quitté mon travail pour venir voir ce qui se passait. Dans le village il y avait une trentaine d'Allemands réfugiés dans un hôtel. Quand ils ont vu les chars français et américains arriver ils se sont enfuis et se sont cachés dans une ferme à 3 kilomètres. Il y a eu des combats mais ça n'a pas duré très longtemps. Il y a eu trois blessés qui ont été soignés dans un hôpital de campagne que les Américains avaient installé."
André Desnos, 97 ans, témoin de l'arrivée du général Leclerc et du général Patton à Cossé-en-Champagne. - ST
Les soldats croyaient qu'ils allaient boire du champagne
Madeleine Huault 92 ans se souvient que "les soldats américains croyaient qu'ils allaient boire du champagne à cause du nom du village mais ils ont bu du cidre. Ils ont quand même trouvé ça bon". Tandis qu'Henri Lemaitre, 93 ans, se rappelle " du chocolat que les Américains nous ont donné. On n'en mangeait pas souvent pendant la guerre, alors on était vraiment contents". Presque tous se souviennent en tout cas que leurs parents ont dansé pendant trois nuits dans l'hôtel pour fêter la libération du village mais beaucoup pensaient aussi à tous ceux qui avaient été fait prisonniers et qui ne reviendraient qu'un an plus tard. Respectant ainsi le serment de Koufra qu'ils avaient fait dans le désert algérien, les deux généraux n'ont pas cessé de combattre avant que la liberté ne soit revenue en Europe. Et cette route de la liberté est aussi passée par un petit village en Mayenne.
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