Détroussés et emprisonnés sur la route de Cochin. L'étonnante épopée de François Pyrard (6/11)

Au début de l'année 1608. François Pyrard négociant lavallois en route vers les Indes Orientales pour y faire commerce et vendre ses voiles, s'est enfui des Maldives où il a fait naufrage, cinq ans plus tôt. Il arrive dans de très bonnes conditions à Calicut sur la côte ouest de l'Inde dans le cadre idyllique de la mer d'Arabie et entourée des collines luxuriantes du Wayanad.

François rend visite au Zamorin de Calicut tous les jours. Il est le souverain le plus puissant de la côte de Malabar. Ce grand seigneur de la mer l'a pris en amitié et se fait plus curieux chaque jour. Il lui pose maintes questions sur la vie en Europe et plus particulièrement sur la France, ses coutumes ses mœurs et son gouvernement. Ce roi a une vraie défiance des Portugais et transmet sa crainte au Français.

Une amitié avec le Zamorin de Calicut qui dérange deux pères jésuites

Deux pères jésuites, l'un Italien, l'autre Portugais, sont pensionnés par le monarque et gèrent une enceinte chrétienne avec église et cimetière auprès du bord de mer.

Ces hommes d'Église sont jaloux de l'estime accordée aux Français et ne voient pas d'un bon œil son implantation dans le pays de Malabar. Ils arrivent à convaincre notre marchand lavallois et ses amis de rejoindre la ville de Cochin d'où ils trouveraient sûrement à s'embarquer pour retourner au pays.

Pour démontrer leur attachement, les deux ecclésiastiques rédigent des lettres de recommandation pour que les autorités portugaises les prennent plus facilement en charge.

Le roi et ses conseillers ont essayé de dissuader le Français de s'en remettre aux Portugais. Malgré leurs réserves et la volonté de quitter le pays, François reçoit argent et passeport pour traverser les terres du souverain sans encombre soit les 20 lieues qui le séparent de Cochin en cette fin février 1608.

Une embuscade organisée par les Portugais pour le capturer

À peine sortis de la ville, une embuscade menée par les Portugais s'empare des voyageurs. Ils les ligotent et les envoient tout au fond d'une sorte de pinasse prenant l'eau de toute part. Les malfaiteurs dévalisent les Français leur prenant lettres d'accréditation, passeport et argent. Ils cachent ensuite leurs prisonniers sur la terre ferme afin de les échanger contre argent sonnant et trébuchant. On les retient ainsi trois longs jours tandis que la nuit leurs geôliers les déplaçaient pour les rapprocher de Cochin. À peine arrivés dans cette cité, les quatre hommes nus et dévêtus, sont présentés au gouverneur de cette ville. Par chance, l'épouse et les filles du magistrat remarquent la belle allure et il faut bien le dire la prestance de François Pyrard. Ces très belles femmes métissées obtiennent de l'interroger. Las, l'entrevue est écourtée et tous quatre sont menés directement en prison. Ils n'ont rien à manger ni à boire pendant quatre jours.