Le 5 septembre, à l'Ehpad de Saint-Fraimbault de Lassay-les-Châteaux, le son d'un piano résonne dans les couloirs, laissant entendre des valses, des cantiques, et divers variétés. Au bout des touches du clavier, ce sont les doigts d'Armande Olivier qui s'emploient avec une dextérité, une aisance et une maîtrise d'une pianiste dans la fleur de l'âge. Sauf qu'Armande fête ses 105 ans ce jour ! Et puis, pas besoin de partitions ! "Il y a quelques musiques qui sont de ma composition, je les connais bien, et puis de toute façon, je n'y vois plus très clair ! Tout est dans ma tête !", s'amuse-t-elle.
Cette passion a commencé dès l'enfance. Issue d'une famille de musiciens avec un papa qui chantait à l'opéra, Armande commença les gammes à 7 ans. Son père était de Rennes, il avait fait l'école des beaux arts et était artiste peintre, sa mère était de Laval. Ils décidèrent de s'installer à Gorron pour tenir une entreprise de peinture et décoration. Cependant, la Première Guerre mondiale éclate rapidement. "Papa a été mobilisé, et est resté prisonnier de guerre en Allemagne pendant quatre ans, où il attrapa le typhus."
"Je n'ai jamais eu le temps de m'ennuyer"
A son retour à Gorron, Armande pointa vite le bout de son nez. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ça sera autour de son frère de partir à la guerre "mais une fois démobilisé, quand mon frère rentra à Gorron, il se fit interpeler par un officier allemand pour peindre des croix rouges sur tous les principaux bâtiments afin qu'ils ne soient pas bombardés par les Américains".
Armande en est sure, c'est Notre Dame du Bignon qui a protégé Gorron, elle la portera toujours dans son cœur. "Vous savez j'avais 20 ans pendant l'occupation... la guerre m'a pris mes plus belles années."
Armande a passé son examen de dactylographie à Mayenne. "Maman ne voulait pas que j'aille trop loin. On était une famille très unie, d'ailleurs ça ne facilite pas le mariage, je ne me suis jamais mariée", dit-elle en souriant. Armande n'a jamais eu besoin de métier, mais malgré ça les occupations furent fort nombreuses ! "J'ai tenu le magasin de décoration quand mon frère avait repris la succession et j'ai fait tellement de choses, je n'ai jamais eu le temps de m'ennuyer ! J'ai aidé les prêtres pendant environ 20 ans, j'ai joué comme organiste dans la paroisse et dans les bourgs environnants, j'ai composé des chants, j'ai donné des cours de piano, j'ai fait aussi beaucoup de théâtre. J'ai fait aussi beaucoup de crochets. Avant je faisais des grandes couvertures pour le secours catholique, les restos du cœur et à Emmaüs. Mais maintenant je n'y arrive plus... C'est pour ça que je voudrais y voir plus clair !"
Les visites défilent pour son anniversaire ainsi que les petites intentions. "Même le cuisinier a voulu me faire plaisir ! Il a changé son menu exprès pour moi ... J'ai un faible pour les poulets frites... Et comme dessert j'aurais un bavarois aux fraises, car je suis gourmande de fraises !" Et puis évidemment la pianiste a organisé un petit concert pour les autres résidents, "vous savez la musique a toujours été très importante pour moi", et elle se plait à penser "que si tout le monde s'entendait bien, ça, ça serait vraiment ce que l'on appelle l'accord parfait".
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