Ernée. Il y a 80 ans, les funérailles grandioses des Résistants ernéens

Les dépouilles de René Boursier, Marcel Boulanger, Roger Launay, André Lambert et Michel Hugnet (de Meslay-du-Maine) sont dans un premier temps inhumés dans une fosse commune. Début septembre 1944, la résistante Marie Le Donné va courageusement reconnaître les corps exhumés à Rennes et les rapatrie à Ernée. Son mari, Pierre le Donné, véritable lieutenant de la résistance, va conduire l'immense cortège de la cérémonie funéraire.

Torturés, ils ne dirent rien

Dès 1940, la résistance s'organise à Ernée avec les époux Le Donné, propriétaires d'un garage au Bas de Ville à Ernée. Avec des volontaires, les actions se multiplient comme saboter les lignes téléphoniques, combler la nuit les tranchées creusées le jour par les Allemands, accueillir des résistants de passage, cacher des prisonniers... Bientôt, des jeunes réfractaires au STO (service du travail obligatoire) comme Boulanger, Lambert, Launay et Hugnet se mettent au service du groupe qui s'organise officiellement en février 1944.

En mai, huit de ses membres se mettent sous l'autorité des résistants de Fougères. Le 2 juin, divisés en deux équipes, ils sont envoyés en mission : une des deux équipes doit exécuter un vol de voiture à la Kommandantur de Fougères le 4 juin. Le coup de main tourne mal, voulant sauver leur chef blessé par la patrouille allemande arrivée plus tôt que prévu, les cinq sont arrêtés, emprisonnés à la prison Jacques-Cartier de Rennes. Atrocement torturés, ils se taisent et, le 23 juin au petit matin, Marcel Boulanger, Roger Launay, André Lambert et Michel Hugnet sont fusillés avec leur chef en chantant la Marseillaise. René Boursier est, quant à lui, envoyé avec quelques autres au lieu-dit La Forêt Noire à Larchamp pour récupérer et évacuer un parachutage d'armes. Le 4 juin, une milice viendra attaquer et neutraliser le campement : René Boursier, mortellement atteint, est achevé par un milicien.

Une foule immense a entouré ces cinq cercueils au cours de la cérémonie du 11 septembre 1944, présidée par l'évêque de Laval, Paul Richaud, en présence de nombreuses autorités civiles et militaires.