Jeudi 19 septembre, le tribunal correctionnel de la Mayenne s'est penché pendant six heures sur une affaire, qui au départ, était considérée comme criminelle. Heureusement pour les trois prévenus, les faits sont requalifiés en délit et les peines encourues moins élevées. Malgré tout, les trois protagonistes vont être respectivement condamnés à cinq ans, quatre ans et vingt-quatre mois dont six avec sursis de détention.
Une guerre de territoire et de stupéfiants à Mayenne
Le 3 mars 2023 vers 22h, deux groupes rivaux se sont donnés rendez-vous sur un parking. La première équipe est composée de trois personnes et doit faire face à un individu armé d'un revolver et son « ami » resté dans une voiture à proximité, le moteur tournant. Un ou plusieurs coups de feu tonnent et une balle transperce la main d'un des protagonistes. Quatorze jours d'ITT. Devant l'évolution dramatique de la situation, le chauffeur du véhicule va se montrer menaçant, jouant de manœuvres intimidantes avec sa voiture mettant en fuite ses adversaires. Trois hommes se retrouvent dans le box des accusés entourés des six policiers chargés de les surveiller. Le premier, celui qui a tiré, est âgé de 31 ans. Né en Martinique, il ne réside pas à Mayenne et a été appelé par un ami pour régler ce problème de suprématie dans le trafic local. Il a déjà dix condamnations, toutes tournant autour des stupéfiants. Il a tiré sur la victime et il est poursuivi pour des violences aggravées avec usage d'une arme. « Depuis que je suis en métropole, c'est plus facile de faire du trafic de drogue que de travailler. » Il n'a plus de contact avec ses parents.
" Depuis que je suis en métropole, c'est plus facile de trafiquer que de travailler. "
Le second, celui qui était au volant de la voiture est un Haïtien de 47 ans. Son casier judiciaire est encore plus lourd à porter avec ses quatorze condamnations pour des violences sur conjoint, violences, trafic de drogue, conduite sous emprise d'alcool ou sans permis. Il purge une peine de cinq ans de prison pour trafic de stupéfiants et est poursuivi cette fois pour violences avec arme (la voiture).
Le troisième prévenu dit ne « rien à voir avec les deux autres ». Son avocat dira un peu plus tard : « c'est un passif » et ira même jusqu'à le comparer à Bourvil jouant le rôle du corniaud. Il se trouve là parce qu'il a prêté sa voiture aux deux autres ainsi que son téléphone, mais aussi parce que l'arme lui appartiendrait. Son principal problème réside dans ses addictions à l'alcool et à la drogue, addictions qui lui ont valu plusieurs condamnations mais qui seraient aussi la cause de sa complicité. Il déclare avoir rendu ces services contre de la drogue ou de l'argent. Pendant le procès, il fait preuve d'animosité à l'encontre des deux autres : « ces gens-là je les dégage », lâche-t-il au tribunal. Il est âgé de 44 ans, vit à Mayenne et est entouré d'une famille sans histoire.
Les versions sont différentes
Alors les versions des faits divergent entre les différents protagonistes. Le propriétaire du véhicule a déclaré que le meneur a reçu un appel téléphonique qui l'a énervé. Les deux hommes lui ont demandé sa voiture et ont chargé une batte de baseball et une pelle. Le plus jeune a enfilé une paire de gants puis ils sont partis en se montrant agressifs. Les explications restent floues sur la présence du revolver. Le tireur l'aurait vu chez le Mayennais et serait revenu la prendre plus tard. Dans ses réquisitions, le parquet revient sur "ce règlement de comptes autour d'une lutte de territoire".
La procureure constate que la Mayenne n'est plus épargnée par le fléau de la drogue. Le chauffeur de la voiture reviendra sur les lieux des faits, prétendument pour "ramasser des mégots". La présidente ne s'y trompe pas et pense plutôt aux balles du revolver...
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