Depuis lundi 14 octobre, date du début du procès, la cour est perplexe face à la personnalité de l'accusée. Une femme à première vue coquette, sage, disciplinée. Elle porte de la couleur, se maquille et a ses cheveux blonds tirés en arrière. Mais derrière ce masque, se cache le visage d'une compagne jalouse, impulsive et possessive.
Une femme presque jamais seule
Née le 22 mars 1977 à Maisons-Laffitte (Yvelines) , Sophie* grandit avec ses deux parents pendant quelques années en région parisienne. Elle est fille unique et confie que c'est une chose qui l'a toujours rendue triste. Sa mère perd son travail alors que l'enfant n'a que huit ans et la famille décide de s'installer en Normandie dans le Calvados, là où elle passera une partie de son adolescence et le début de sa vie d'adulte. La jeune femme entame un parcours solaire plutôt classique : elle passe le brevet, le bac et se dirige vers le domaine médico-social. "Je voulais être médecin depuis mes 5 ans. Ce n'était pas possible, car je devais travailler vite après mon bac puisque j'ai toujours voulu être indépendante financièrement ", raconte-t-elle, mardi 15 octobre, au sein du tribunal. Après sa formation, elle enchaîne des petits boulots précaires, en CDD ou en intérim. "Je n'étais jamais là au bon moment pour avoir un CDI ", confiait-elle alors à l'un des médecins en charge d'une expertise médicale.
"Je n'étais pas heureuse"
Son travail ne l'empêche pas de vivre pleinement sa vie amoureuse puisqu'elle rencontre son premier amour à l'âge de 15 ans. Trois mois après, son père décède d'une rupture d'anévrisme, et c'est Sophie qui retrouve son corps inanimé dans la salle de bains. Elle raconte culpabiliser par rapport à ce décès, car elle n'a rien pu faire pour sauver son père et dit avoir été une enfant difficile avec lui, qui n'aimait pas son autorité. Un événement qui reste marquant pour l'accusée qui est âgée aujourd'hui de 47 ans. Sophie n'a presque jamais été célibataire. Après sa première relation qui a duré 11 ans, mais qu'elle décide d'arrêter, car son conjoint ne pouvait pas lui donner d'enfant, elle rencontre un autre homme. Au début, le couple marche bien, elle dit ne pas voir ses défauts. Ils vont avoir deux enfants ensemble. "Je suis restée presque 10 ans uniquement pour eux. Je n'étais pas heureuse avec leur père et je m'en suis rendu compte très tard." Quelques témoins qui connaissent Sophie la décrivent tous comme une bonne mère, une femme aimante et prête à tout pour ses enfants.
"Dans la maîtrise de tout"
Prête à tout pour ces enfants, mais également pour entretenir une relation parfaite. D'autres témoins qualifient l'accusée de personne très jalouse, possessive et impulsive lorsqu'elle n'avait pas ce qu'elle voulait. Des propos confirmés par l'ensemble des médecins qui ont pu rencontrer Sophie entre deux mois et un an et demi après son interpellation pour la tentative d'assassinat. "On aurait pu penser à une dame normale qui aurait eu un moment de faiblesse par rapport à un sentiment de jalousie, mais il y a eu des zones d'étrangeté qui m'ont conduite à évoquer des diagnostics. C'est une femme qui a des propos marqués par des digressions concernant les failles d'autrui et qui a sans cesse besoin de preuves, ne parvenant pas à remettre en cause ses agissements", explique une psychiatre qui a vu l'accusée deux mois après les faits. Un second médecin psychiatre va compléter en évoquant une "pathologie névrotique, une personnalité hystérique qui est dans la maîtrise de tout". Selon lui, le fait que la quarantenaire se compare à Docteur Jekyll et Mister Hyde ne le surprend pas. "Ça rejoint totalement sa personnalité, elle sait s'adapter en fonction de son interlocuteur."
Malgré ces traits de personnalités changeants, l'accusée enchaîne les relations et "ne se remet pas en question". Elle se met en couple avec un troisième homme, celui qui la quitte une semaine avant les faits et ne l'a plus revue depuis son interpellation. Incarcérée depuis deux ans, dans un premier temps à Rennes et aujourd'hui à Caen, elle a avoué lors de son procès avoir un nouveau conjoint, qui est en charge de garder ses enfants jusqu'en septembre 2025. Quant à elle, elle raconte bien vivre la vie carcérale puisqu'elle y a trouvé un petit boulot et des camarades. "J'aimerais tout de même sortir avant que ma mère décède. Elle est très fragile depuis que je suis en prison", avouait-elle à la cour en pleurant.
Important : le nom de l'accusée a été changé pour préserver son anonymat.
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