Une salle d'audience calme mais les échanges entre la présidente et le prévenu sont agités. "Vous savez comment l'on nomme les faits qui vous sont reprochés ? C'est de la corruption sur mineurs !". "Je ne savais pas", répond le prévenu, âgé de 47 ans, lors d'une audience correctionnelle au tribunal de Laval.
Il se faisait passer pour un ''professeur d'éducation sexuelle''
En 2013, l'accusé commence à jouer à des jeux en ligne et y rencontre des adolescents. D'abord, un jeune homme qui était au collège, avec qui il se lie d'amitié et discute de sujets de la vie. "Il les a mis gentiment en confiance", relate l'avocat de la partie civile. Mais peu après, des conversations autour de la sexualité débutent. Le prévenu se place tout de suite comme une figure de confiance, de formateur, d'enseignant ''à base de ses connaissances'' et en profite pour échanger avec des adolescents qui ont des difficultés d'intégration. Il demandait aux jeunes de se déshabiller pour qu'il puisse valider leurs tenues, leur demandait de se mettre nu devant la caméra de l'ordinateur et parfois de se masturber. Manipulés, et ne réalisant pas le caractère grave de la situation, les enfants rencontrent le prévenu (qui lui habitait à Paris au début des faits), à Château-Gontier dans un chalet que l'homme avait loué. Dans un premier temps ils passent des moments ensemble mais le sexe revient rapidement au centre des discussions. Il explique aux ados, très rarement de manière groupée, qu'il est expert, qu'il peut les former à découvrir leur sexualité. Les cinq jeunes hommes vont être victimes, à tour de rôle, d'agressions sexuelles, ils vont devoir se masturber devant le prévenu, se laisser tailler les poils pubiens, éjaculer ou se livrer à des expériences sexuelles avec des objets.
"La honte c'est lui qui doit la ressentir"
Lors de l'audience, l'homme de 47 ans semble ne pas comprendre les faits qui lui sont reprochés. Il affirme que les dates ne concordent pas, que certains témoignages sont faux. Il se fait passer pour la victime de l'histoire. "Je me comportait comme un ado. Les jeunes étaient les seules personnes qui étaient là pour moi. J'avais besoin de leur présence mais je n'ai jamais demandé à ce qu'il y ait de rapports sexuels. C'est eux qui étaient demandeurs de conseils", raconte l'homme, toujours assis sur sa chaise. Des propos que la présidente et la procureure trouvent inadmissibles : "La honte c'est lui qui doit la ressentir ", indique cette dernière en pointant du doigt l'accusé, "vous trouver des excuses pour assouvir vos fantasmes", poursuit la juge. Mais quel est l'état psychologique de ce prévenu ? Et bien l'expertise psychiatrique ne ressort rien de très alarmant, il s'agit d'une personne qui a conscience de la réalité, qu'il n'a jamais eu de problème psychiatriques. En revanche, un comportement narcissique, pervers et qui manque d'empathie envers les victimes. "C'est une personne immature avec éléments narcissiques défaillants et a bien compris l'interdit de la loi", précise l'expert. Le prévenu qui revient sur son ressenti, dit qu'il a conscience qu'il a fait des choses "pas morales" mais qu'aujourd'hui il est suivi psychologiquement. "Ce n'est pas une question de morale mais de délit, monsieur ! ", pique la présidente. Pour ces accusations, le prévenu a été déclaré coupable de ses actes et est condamné à 18 mois d'emprisonnement, avec un aménagement de cette peine sous forme de détention à domicile sous surveillance électronique, une obligation de soin et l'interdiction de rentrer en contact avec les victimes. Il est également interdit de contact avec des mineurs pendant 10 ans et est inscrit au fichier des délinquants sexuels.
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