Le prévenu, droit comme un I devant le juge de Laval, vendredi 22 novembre, n'est pas un habitué des tribunaux. Il est chef d'entreprise, père de quatre enfants, marié depuis 1996 et a 64 ans. Il travaille la semaine à Paris et rentre le week-end. Ses enfants s'en sortent plutôt bien, maintenant qu'ils sont adultes, avec de bons niveaux d'études. La famille habite dans une ferme de la Mayenne et si le tableau semble idyllique, le couple connaît des hauts et des bas. Au point que, le 21 septembre, l'épouse se présente aux gendarmes en affirmant avoir été violée par son conjoint.
Une sieste qui fait débat entre les deux époux
Alors que l'homme est parti faire sa sieste, elle vient changer les taies d'oreillers. C'est alors qu'il lui aurait bloqué les poignets tout en la déshabillant, lui saisissant la poitrine et l'entrejambe. Devant les gendarmes, la femme affirme avoir refusé plusieurs fois tout rapport sans que son mari ne le prenne en compte. Elle leur apprend que l'époux détient des armes. L'homme est interpellé et ses 26 armes et 2 000 cartouches sont saisies. Si l'homme se défend de toute agression, il évoque des caresses, un rapprochement mutuel, "mais pas un climat de violence ou d'agressivité". Au contraire, il se déclare victime d'une machination ourdie par sa femme : "Elle veut se débarrasser de moi en gardant la maison. Son état dépressif, c'est de la fatigue, le fait que les enfants soient partis de la maison et tout simplement qu'elle ne m'aime plus." Le juge souligne plusieurs fois la personnalité étonnante qui est devant lui. "Vos réponses sont parfois lunaires, nous voyons très rarement ça en procédure." L'avocate de la victime n'a pas mâché ses mots. "Dans ses déclarations, Monsieur met principalement en œuvre sa capacité de manipulation. Il fait passer la victime pour une folle. Il invoque par exemple le syndrome du nid vide… Ça ne tient pas. Ça fait bien longtemps que les enfants sont partis." A son secours, les témoignages des enfants viennent renforcer son argumentaire. Ils estiment que leur père a une emprise sur leur mère. Le procureur de la République de Laval va dans le même sens, qualifiant les faits "d'abjects". "C'est une victime qui n'en rajoute pas !" Il requiert un an de prison entièrement assorti d'un sursis probatoire, une interdiction de paraître dans la commune, la confiscation des armes saisies. L'avocate du prévenu soutient la thèse de la machination. "Il n'y a aucune trace de violences dans ce dossier. Aucune trace de tentative de pénétration ni même de l'éjaculation. Nous n'avons rien qui confirme les propos de Madame. Il existe un vrai motif d'écarter Monsieur de la maison, aucun motif de rentrer dans sa chambre pour changer les taies d'oreillers alors qu'il fait la sieste…" L'homme, quant à lui, apportera des précisions, changera l'angle de vue, toujours poli et parlant clairement. "Je suis responsable : si en 28 ans de mariage, je n'ai pas su la rendre heureuse c'est que je suis fautif. Je ne lui en veux pas de la plainte, même si la méthode est brutale." Le juge de Laval ne se laisse pas convaincre. L'homme est condamné à 12 mois de prison intégralement assortis d'un sursis probatoire de deux ans. Il est condamné à une obligation de soin, d'indemnisation. Il ne peut pas paraître au domicile ni prendre contact avec son épouse. Son nom est inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles et violentes (Figeais). Ses armes sont confisquées.
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