Des effectifs, des effectifs et des effectifs ! Le leitmotiv n'est pas nouveau dans la Police nationale et le syndicat Alliance Police nationale en Mayenne ne dit pas autre chose. Au commissariat de Laval, le représentant syndical Sébastien Tessier décrit une situation difficile pour les policiers, avec des collègues "pas loin du burn-out". Le syndicat affiche son mécontentement en boycottant les réunions du comité social d'administration avec la Préfecture, notamment le 26 novembre dernier.
25 policiers en moins d'ici 2028
"Nous sommes en sous-effectif et nous le disons depuis des mois. Nous sommes 124 membres du corps encadrement et application au commissariat sur un effectif de 172 personnes. Nous étions 128 en 2022. Nous estimons que nous aurons 25 membres en moins d'ici 2028". Pour le syndicaliste, le commissariat a besoin d'au moins 20 personnels supplémentaires, sinon 40 dans une perspective haute. Le commissariat de Laval pensait faire partie du mouvement d'appel ponctuel à candidature au niveau national pour renforcer les effectifs mais n'a pas été retenu... "Nous sommes un petit département de la zone : on nous a clairement abandonnés", confie Sébastien Tessier.
Le manque d'effectif a des conséquences pratiques. Dans le service Police secours jour, ils devraient être 13 pour un fonctionnement optimal mais ne sont actuellement que 10. "Cela devient difficile d'assurer la mission correctement, précise le policier. Nous arrivons à répondre aux situations ordinaires mais quand l'extraordinaire se présente, tout devient beaucoup plus complexe. Sans compter que l'extraordinaire devient de plus en plus ordinaire..."
Par ''extraordinaire'' il faut comprendre toutes les missions ponctuelles confiées à la police : la protection du stade les soirs de match, des évènements en ville ou des crimes exceptionnels. En résumé, "tout a augmenté, sauf les effectifs". La profession fait face à la perte d'attractivité du métier, la multiplication des dossiers et les lourdeurs d'une procédure pénale de plus en plus contraignante. "Les collègues doivent constamment prioriser. Cependant, entre un dossier pour viol et un autre pour harcèlement scolaire, comment faisons-nous avec moins d'effectifs ? Cela sans compter les demandes pour des dossiers moins urgents qui n'aboutissent souvent à rien..."
"Cela devient difficile d'assurer la mission"
Stupéfiants, cambriolages, violences intrafamiliales : chaque politique pénale influe sur la manière dont les policiers hiérarchisent leurs dossiers. "Nous avons beau changer de politique pénale, ça ne retire pas son importance à l'ancienne. Tout devient urgent et prioritaire. Nos collègues le prennent aussi personnellement : ils aimeraient pouvoir répondre à toutes les demandes de la population."
La police nationale subit aussi les carences d'autres secteurs. "À Changé, raconte Sébastien Tessier, nous sommes intervenus en foyer médicalisé pour une jeune fille de 13 ans : l'intervention a duré 3h30. Nous avons dû la maîtriser pendant plus de deux heures car l'ambulance, pourtant privée, n'arrivait pas. Elle était bloquée aux urgences. Nous sommes une sorte d'assurance tout risque..."
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