Pendant son quinquennat, François Hollande avait annoncé l'inversion de la courbe du chômage, mais la prévision avait été démentie. Emmanuel Macron semblait pouvoir mieux faire avec ses ambitions pour la "start-up nation" et ses efforts pour favoriser les investissements étrangers. Le président et ses ministres se croyaient poussés par les vents favorables et annonçaient le retour au plein-emploi pour la fin du deuxième quinquennat...
Il est vrai que le chômage avait baissé après la pandémie mais le chiffre dont le gouvernement se félicitait - trois millions de personnes - concernait seulement la catégorie A. En additionnant les cinq catégories établies par les statisticiens, on obtenait le double. En choisissant la statistique la plus favorable, on effaçait le sous-emploi et cette zone grise qu'on appelle le "halo du chômage". On refusait par ailleurs de constater que la production industrielle n'augmentait plus depuis une décennie. Ceci malgré un soutien massif aux entreprises, pompeusement appelé "économie de l'offre" : subventions directes et indirectes, flexibilité du travail...
2,8 millions d'emplois détruits entre 2008 et 2023 en Europe
Les illusions se sont dissipées à l'automne 2024. La crise générale de l'économie allemande menace la France, la crise du secteur automobile et celle conjointe de l'acier vont nous affecter gravement, de même que la crise de la grande distribution. La fermeture de deux usines chez ArcelorMittal et les licenciements chez Michelin et Auchan sont les signes annonciateurs d'une grande vague de plans sociaux : 250 seraient en préparation, qui entraîneraient la destruction de 170 000 à 200 000 emplois dans un contexte de très faible croissance.
Les opposants de droite et de gauche rendent Emmanuel Macron et Bruno Le Maire responsables de cette situation alarmante. C'est oublier que 2,3 millions d'emplois ont été détruits dans l'Union européenne entre 2008 et 2023. Le tort des dirigeants français a été de partager les illusions des élites européennes sur les bienfaits de "l'économie de l'offre" dans un système de libre-échange aggravé par la concurrence acharnée entre pays européens. Malgré les changements de gouvernement en France et chez nos voisins, on persévère dans cette erreur dramatique.
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