Le loup en Mayenne. Avec le retour de l'espèce en France dans les années 1990, ce n'était qu'une question de temps avant que l'infatigable marcheur ne pose ses crocs dans les gorges tendres de jeunes moutons. Fin janvier, début février, trois agneaux ont été tués à Fougerolles-du-Plessis, Vieuvy et Montenay. Dans le langage de l'Office français de la biodiversité (OFB) on parle d'une prédation "où la responsabilité d'un loup n'est pas exclue". En effet, il n'y a pas de différences avec les morsures d'un chien et, à moins de voir de ses propres yeux l'attaque, il ne peut s'agir d'une preuve formelle. Par contre, le loup a été aperçu et identifié en plusieurs endroits : à Fougerolles-du-Plessis, à Alexain ensuite puis à Chailland.
Le loup actuellement en vadrouille dans le territoire - ou peut-être l'a-t-il déjà quitté... - est un solitaire. "Il est seul, chassé de sa meute d'origine. Il se fait remarquer notamment par des dégâts sur du cheptel", précise Régis Gallais, référent régional de l'OFB. L'animal a le pelage sombre. Des excréments ont été prélevés par l'OFB pour analyses afin d'identifier sa trace génétique.
Le loup fuirait face à l'homme
Selon les spécialistes de l'OFB, le loup est une espèce "furtive et craintive". Par nature, il ne s'en prendrait pas à l'humain. "Il est plutôt craintif face à un homme. Il l'est moins face à un véhicule, c'est ainsi que nous avons pu l'observer : derrière une vitre. À pied, la rencontre est beaucoup plus rare. Il peut pour autant être agressif s'il est acculé." Côté chasseurs, on s'attendait à cette officialisation de la présence du loup. "La Fédération sera très attentive au développement de cette présence et de son installation. Le loup a la faculté de le faire discrètement, mais pas sans méfaits", glisse le président, Patrick de Ferrière, tout en doutant "que cette présence satisfasse les habitants ruraux et les éleveurs".
Une cellule de veille ouverte
Pour pouvoir suivre de près l'évolution de la présence du loup sur le territoire, la préfecture a inauguré sa cellule de veille loup vendredi 7 février. Cette cellule devait être lancée en mars mais les événements ont précipité l'action des pouvoirs publics. "J'ai deux objectifs, commente Marie-Aimée Gaspari, la préfète de la Mayenne. D'abord, préserver le loup qui est une espèce protégée. Ensuite, préserver les activités humaines d'élevage. Ce plan prend en compte les deux intérêts." Pour ce faire, la Mayenne est placée en cercle 3, c'est-à-dire que l'Etat offrira des indemnisations aux propriétaires victimes de la prédation du loup, tout en sachant que le doute lui profitera en cas d'attaque. Le cercle 3 permet aussi d'aider les éleveurs pour l'achat et l'entretien d'un chien de protection.
La cellule de veille se réunira après l'été, si aucun événement concernant le loup ne vient troubler la quiétude de la Mayenne. "Nous devons répondre aux inquiétudes légitimes du monde agricole, souligne la préfète de la Mayenne. Les objectifs de la cellule sont d'exposer les mesures de protection, prévoir l'indemnisation et conduire des actions de sensibilisation." Les chasseurs aussi regarderont la possible installation du loup d'un œil circonspect. "Pour les chasseurs, le loup va impacter les efforts de gestion de la Fédération de chasse sur le petit gibier, analyse Patrick de Ferrière. Le chevreuil sera impacté en priorité sur le sanglier peu convoité par le loup."
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