Ils sont en colère. Les policiers du commissariat de Laval ont répondu à l'appel du syndicat Alliance Police nationale, mercredi 5 mars à 12h, pour manifester devant l'hôtel de police. Ils étaient une quarantaine devant les grilles.
Une qualification pour meurtre qui ne passe pas
La veille, le procureur de la République de Nanterre a requis un procès pour meurtre dans l'affaire de la mort du jeune Nahel en région parisienne qui avait provoqué des émeutes dans de nombreuses villes de France, dont Laval. La qualification pour ''meurtre'' fait bondir Sébastien Teyssier, délégué départemental du syndicat Alliance : "On ne peut pas concevoir qu'un policier se lève le matin en se disant : 'je vais tuer quelqu'un aujourd'hui'. Qu'il y ait une enquête, des procédures, pas de souci… Mais pas une qualification de meurtre."
"La normalité aujourd'hui, c'est le refus d'obtempérer"
Homicide involontaire ? La Police nationale dans sa très grande majorité soutient largement Florian M., le policier qui a tiré le coup de feu mortel vers le jeune homme de 17 ans. "Des collègues de nuit sont venus, d'autres étaient en repos… Tout le monde fait corps et se projette dans cette situation : 'et si ça m'arrivait ?' décrit Sébastien Teyssier. Ce n'est pas un tir délibéré : il y a tout le passif avant, les multiples infractions. Ces faits peuvent se dérouler partout. On assure la sécurité des habitants, on sauve des gens : nous ne cherchons pas à tuer. La vie de policier est celle de l'instantanéité, tout le temps. Nous avons un dixième de seconde pour réagir."
Arnaud Bernard estime que "la normalité aujourd'hui, c'est le refus d'obtempérer".
Devant le commissariat de Laval, les policiers viennent défendre l'ensemble de leur profession qui ne suscite plus de vocation. "La peur du policier, ça n'existe plus, constate avec dépit Arnaud Bernard, responsable de la zone de défense ouest, présent à Laval pour soutenir ses collègues. Il existe un vrai problème dans le respect de l'autorité. La normalité aujourd'hui, c'est le refus d'obtempérer."
"Qui prendrait le risque de se faire tuer sans pouvoir se défendre ?"
Dans ces conditions, les policiers estiment qu'il est impossible d'intéresser de nouvelles recrues. "On veut tuer la police en faisant en sorte que les collègues n'interviennent plus, je ne vois que ça, s'agace Sébastien Teyssier. Je comprends pourquoi nous n'attirons plus les jeunes : qui prendrait le risque de se faire tuer sans pouvoir se défendre ?"
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