Mayenne. Le muscle invisible : et si tout se jouait dans la tête ?

Pour en parler, rien de mieux que de s'appuyer sur le regard éclairé de Lucie Marteau, athlète mayennaise licenciée à l'US Saint-Berthevin et bénévole lors des Jeux paralympiques de Paris, où elle a côtoyé de très près des sportifs de haut niveau.

"Ce qui se passe dans la tête fait souvent la différence"

"Le mental en athlétisme, c'est très important, affirme Lucie sans détour. Que ce soit à l'entraînement ou en compétition, ce qui se passe dans la tête fait souvent la différence. Quand on arrive sur une ligne de départ, tout peut se jouer dans la manière dont on gère son stress, ses émotions, ou la pression."

"Il m'est arrivé de réussir des compétitions uniquement parce que je m'étais préparée mentalement"

Bénévole pendant les JO paralympiques, Lucie a pu observer de près l'attitude mentale des plus grands champions. "Ce qui m'a impressionnée, c'est la concentration, la détermination. Beaucoup avaient leurs propres rituels, leurs techniques pour rester dans leur bulle, explique la sprinteuse. Et même quand leur corps avait des limites physiques, leur mental, lui, n'en avait pas."

Le mental dépasse les jambes

Dans l'athlétisme, chaque épreuve demande une rigueur mentale différente. Un 800 m, un saut à la perche ou un lancer de javelot ne s'abordent pas de la même manière. Pourtant, tous requièrent cette capacité à rester lucide sous pression, à garder confiance quand le corps fatigue. "Moi-même, il m'est arrivé de réussir des compétitions uniquement parce que je m'étais préparée mentalement, parce que je me parlais positivement ou que j'avais visualisé ma course, raconte la Berthevinoise. À l'inverse, si tu pars avec le doute, même avec des jambes affûtées, tu peux passer à côté." Et les plus grands champions le confirment. Usain Bolt a souvent déclaré : "L'entraînement te prépare physiquement, mais c'est ton mental qui te fait gagner." De son côté, Armand Duplantis confiait récemment lors de son record du monde : "Je saute mieux quand je suis relâché dans ma tête. Le mental doit être clair." Même Sha'Carri Richardson, connue pour sa force de caractère, affirme : "Je me bats d'abord contre mes pensées avant de courir contre mes adversaires."

Ce que Lucie retient aussi des JO, c'est la force de l'esprit humain : "J'ai vu des athlètes paralympiques faire des choses incroyables. Leurs performances n'étaient pas que physiques, elles venaient d'une volonté intérieure hors du commun. C'est une vraie leçon pour tous les sportifs, peu importe leur niveau."

Un message

Les coachs et athlètes d'aujourd'hui encouragent les jeunes à ne pas négliger l'aspect mental de leur discipline.

"On oublie de muscler son esprit"

"On s'entraîne souvent pour courir plus vite, sauter plus haut, lancer plus loin... Mais on oublie de muscler son esprit. La confiance, la gestion du stress, la motivation : ça se travaille aussi", a affirmé Kévin Mayer, le recordman du monde du décathlon. De plus en plus de séances de visualisation et de respiration sont proposées lors des entraînements. "Ça ne prend pas longtemps, mais ça change tout sur la ligne de départ", estime Lucie.

L'harmonie entre tête et jambes

En fin de compte, la réussite en athlétisme repose sur un équilibre : le corps exécute, mais c'est la tête qui décide. Le mental est une force silencieuse, mais redoutablement efficace. Comme le prouve le parcours de Lucie Marteau, il peut transformer une course en victoire sur soi, peu importe son niveau.