Laval. La méticuleuse transmission d'un savoir-faire

Dans l'atelier de Patrice Catinaud le temps est suspendu. Loin de l'agitation de la vie moderne, le restaurateur d'œuvre d'art, le chirurgien esthétique de l'art, comme il aime à se définir, est en pleine opération. Sur la table chirurgicale, dans le silence feutré de l'alcôve, se joue le destin d'une œuvre. Fraichement apportée par le Manas elle est en cours d'expertise. Vanessa observe et écoute le maître.

Apprendre le métier

En formation chez lui depuis juin 2024, elle apprend le métier de restauratrice d'œuvres d'art afin de prendre le relai après les 50 années d'exercice de l'esthète. Mais la transition se fera en douceur, car l'apprentissage est long. Si on assiste aujourd'hui à l'installation de nouveaux convertis au bout de quelques maigres semaines de formation, Vanessa, elle, a entamé un long parcours, tellement la diversité des œuvres à restaurer et ses techniques sont vastes. Et puis, le maître a sa philosophie et sa méthode : "pour sauver une œuvre et ne pas donner l'impression qu'elle soit neuve après restauration, il faut retrouver l'équivalent des matières ou couleurs utilisées ainsi que les outils, pinceaux ou brosses. Puis il faut deviner la technique de l'artiste afin d'être au plus près de son œuvre". C'est pourquoi chaque pièce passe sous la loupe du chirurgien. Vanessa s'imprègne de la méthode et Patrice Catinaud ne tarit pas d'éloges sur son élève : "elle est intelligente, comprend vite et est efficace." Il est vrai que ce domaine, peinture, pigments, couleurs ne lui est pas étranger vu son expérience avant qu'elle n'ouvre son atelier d'encadrement rue du Pont de Mayenne. Après une période d'observation du maître, celui-ci lui confie maintenant la restauration de certaines pièces et la supervise. L'objectif est que Vanessa reprenne la totalité des activités, toiles et leurs diverses techniques, sculptures et leurs différentes matières, mais aussi cadres et vitraux, la liste est longue... La communication auprès des clients aussi est essentielle : il faut être capable de leur dire si la restauration vaut le coup, chiffrer dans un devis très détaillé et précis le temps et le coût à prévoir et expliquer que ce ne sera pas du neuf, qu'il faut respecter la noblesse du travail et la patine du vieux. "Devant chaque pièce apportée, nous nous trouvons à chaque fois devant un nouveau challenge" commente Vanessa. Pour l'heure, les œuvres sont amenées à l'atelier de Vanessa et expertisées par Patrice Catinaud.