Laval. Harcèlements sexuel et moral : un industriel mayennais condamné

Parce qu'il sort d'une hospitalisation, le patron d'une entreprise de charcuterie mayennaise a préféré passé son tour jeudi 4 février devant le tribunal correctionnel de Laval. L'une se ses victimes, qui l'accuse de harcèlements sexuel et moral, est bien là, tremblante lorsque le président du tribunal, Bruno Thouzellier, relate les faits. L'une de ses collègues, dans le même cas, n'a pas eu la force de venir.

« Bourrique », « greluche » et autres sorties poétiques : ce sont les mots que cet octogénaire adressait à ses deux salariées, embauchées depuis plus de 25 ans, entre 2012 et 2014 . Deux femmes qui ont fini par perdre confiance en elles et se dévaloriser. L'une d'elles, qui a sombré dans l'anorexie, a également reçu des propos blessants sur sa maladie. Sur le bureau de celle-ci, le patron déposait fréquemment des articles de journaux à caractère érotique.

« Il était hospitalisé, effectivement il a besoin de soins », a estimé maître Emmanuel Gilet, avocat de l'une des victimes. Pour ce dossier qu'il qualifie de « particulièrement édifiant », il réclame une indemnisation de 10 000 euros. La même somme est requise par Daisy Briand, vice-procureur, au titre d'une amende, ainsi qu'une peine de huit mois avec sursis. « Ses propos pourraient prêter à sourire, s'ils n'étaient pas répétés et s'ils n'avaient pas eu de telles conséquences sur les deux victimes », a-t-elle justifié. Pour maître Benoît Gicquel, avocat de la défense, le dossier comporte « plein de documents prescrits, antérieurs à la période de prévention ». Le défenseur estime qu'il ne s'agit pas de faire le procès de la personnalité de son client. « Il ne perçoit pas ses actes comme du harcèlement. »

L'homme est déclaré coupable. Il est condamné à six mois d'emprisonnement avec sursis, 15 000 euros d'amende et à verser 5 000 euros à l'une de ses victimes.