Ils appartiennent au petit monde d’un certain underground lavallois. Celui des teufs, du trafic de drogue avec ses règles. Et ses règlements de comptes. Pour se faire rembourser les 80 euros de cocaïne qu’il lui a procurés lors d’une soirée de la Saint-Sylvestre à Rennes, un homme décide avec un ami d’effectuer une expédition punitive chez un Lavallois, consommateur régulier de stupéfiants. « Je suis technicien du son, j’ai un cursus de niveau bac+2 dans le monde du spectacle. Je travaille dans la musique et je suis rémunéré à l’arrache dans les lieux où sont organisées des soirées. Il voulait faire une vidéo et des flyers. Il était intéressé par mon projet, jusqu’à ce que je découvre qu’il s’agissait d’une entourloupe », raconte avec aplomb le prévenu, un Parisien de 36 ans venu en Mayenne pour remonter la pente après une séparation mal vécue. Dans la soirée du 2 au 3 janvier, vers 18h30, il se rend au domicile de son débiteur, dans le vieux Laval, fracture la porte d’entrée, et s’explique avec celui-ci sous le regard d’un témoin. Il revient quelques instants plus tard avec un complice âgé de 23 ans, lui aussi d’origine parisienne, hébergé provisoirement à Laval et déjà condamné pour des faits de vols en réunion. L’ardoise est passée entre-temps de 80 à 1 000 euros. En guise de caution, les deux hommes décident d’embarquer tout le matériel informatique et audiovisuel présent sur les lieux : tour d’ordinateur, table de mixage, home-cinema appareil photo numérique. « J’étais "vénère" depuis deux jours. J’ai eu la satisfaction de le voir en vie, puis je me suis mis en colère. Tout s’est improvisé sur place ». Deux aller et retour seront effectués par le quatuor durant la nuit dans les rues du centre-ville accompagnés de quelques coups assénés à la victime par le duo. « Il était un peu feignant », ironise l’instigateur de l’expédition qui minimise comme son comparse les faits de violence ; un des avocats s’étonnera du certificat médical présenté ne faisant pas apparaître de contusions. Irrité par la désinvolture des prévenus, le procureur de la république parlera de « règlement de comptes de la voyoucratie » et d’ « humour des bas fonds de la ville de Laval ». « Il n’y a pas lieu dans une salle d’audience de faire du cinéma. Jugeons aux actes sinon demain matin on passera aux crimes de sang. Les films d’Audiard cela finit par des morts sur ordonnance », avancera le magistrat. Les deux prévenus jugés en comparution immédiate seront condamnés à des peines de huit mois fermes et des sursis avec mise à l’épreuve.
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