Ils étaient trois dans le box, mais un seul prévenu se fait entendre. Originaire de Saône-et-Loire, arrivant de la région parisienne, il s'est installé avec sa compagne à Désertines au printemps 2016. « Je ne voulais pas que mon enfant grandisse dans le zoo du 9-3 », lance, avec éloquence, cet homme d'une vingtaine d'années. Avec sa compagne et un ami, il était jugé en comparution immédiate, vendredi 13 octobre, devant le tribunal correctionnel de Laval.
Barbe de trois jours, lunettes noires, pull noir, il s'installe en Mayenne pour une autre raison, donner cours à sa passion : le cannabis. « La plante me passionne, j'aime la cultiver. Les dealers, les revendeurs, je les déteste, ils salissent la plante », déclare-t-il. Transparent dans son activité, il est intarissable sur le cannabis, sur son histoire, sa façon de la cultiver. « J'y ai mis tout mon coeur, toute mon âme pour faire le meilleur produit possible. Pour moi, j'étais un cultivateur. Comme certains font du maïs ou du coton, moi, je cultivais du cannabis ».
Le gourou des stupéfiants
Faisant preuve d'une réelle intelligence dans son discours, il va pourtant finir par se faire prendre. A Désertines, sur une parcelle de 900 m2, les gendarmes vont retrouver 408 pieds de cannabis. « Je pouvais espérer récolter 100 kg d'herbe », reconnaît-il. Une production revendue par deux amis en région parisienne et à Dijon. Selon le prévenu, la revente lui aurait rapporté 250 000 euros. La gendarmerie table plutôt sur 470 000 euros.
Après un véritable show de plus d'une heure, le prévenu a dû faire face aux réquisitoires du procureur de la République, Guirec le Bras. Pour lui, ce dossier « n'est pas celui de la banalisation du cannabis ». Il dénonce l'approche mercantile du cultivateur. Pour le procuureur, le prévenu est « le gourou des stupéfiants. Comme un gourou, avec sa logorrhée, il va retourner la tête de sa compagne, de ses amis ».
Pour le gourou, bien que son casier judiciaire soit vierge, le procureur réclame six ans de prison dont deux avec sursis. Il demande trois ans de prison dont un avec sursis pour son ami revendeur et un an de prison avec sursis pour sa compagne.
Le tribunal condamnera le cultivateur a cinq ans de prison dont deux avec sursis. L'intermédiaire écope de trois ans de prison dont 18 mois avec sursis. Ces deux hommes ont été écroués sur le champ. La compagne du cultivateur s'en tire avec huit mois de prison avec sursis.
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