Eugène Neveu, habitant de Gorron et professeur d’anglais à la retraite, aide les migrants arrivés au centre d’accueil d’Ernée. Le groupe est constitué de 30 hommes, de 18 à 25 ans, arrivés du Soudan, de Somalie, d’Erythrée, du Pakistan ou d’Afghanistan. Ce sont des exilés qui ont dû fuir leur pays pour échapper à la mort.
Dès la création du centre d’accueil et d’orientation à Ernée, Eugène Neveu a donné des cours de français. « On a commencé par leur enseigner les formules de politesse de la langue française. On s’est rendu compte qu’ils sont très vifs dans leur apprentissage car ils ont l’habitude des langues. Ils connaissent l’anglais appris à l’école, mais aussi les langues de différentes ethnies. Ils maîtrisent donc souvent trois ou quatre langues. Après 6 mois de cours, la plupart communiquent bien en français », explique Eugène qui leur apporte aussi une aide psychologique.
Les 30 migrants ont souffert pour arriver jusqu’en Mayenne. « Ils n’ont pas voyagé dans le confort. Le passage par la Bulgarie est particulièrement difficile. Là on leur vole leurs affaires personnelles, on les torture parfois à l’électricité... certains sont pendus par les pieds, mis dans le noir sans nourriture... Ils arrivent traumatisés, dans un état psychologique difficile. » Alors Eugène réconforte. « Je reste parfois tard pour discuter avec eux. On pleure ensemble lorsqu’ils racontent leurs situations. » Il les soutient du mieux qu’il peut. « Les semaines passées, après les attentats de Kaboul, les jeunes afghans étaient très angoissés. Ils s’interrogeaient sur la situation de leurs familles dont ils ont peu de nouvelles car les talibans détruisent les émetteurs pour éviter tout contact avec l’Occident. Ils n’ont donc pas de nouvelles de leurs femmes, de leurs enfants, de leurs parents… »
Une aide psychologique
Eugène parle, soutient, réconforte et organise des activités pour occuper les esprits : visite à la ferme avec découverte de l’ensilage, de la traite des vaches, cueillette des pommes, sortie au Mont Saint Michel... Eugène accompagne aussi lors des démarches administratives. « Entre janvier et juin, j’ai fait 4 900 km à voiture. Je suis allé à Paris, à Nantes, à Rennes pour accompagner les jeunes dans leurs démarches administratives. Chaque dossier dépasse l’entendement ! On ne peut laisser seules ces personnes déracinées, traumatisées qui demandent le statut de réfugié temporaire. Ils sont dans la crainte de se retrouver à la rue, de devoir dormir dehors. Pour les aider on cherche des interprètes, on trouve des avocats, on demande l’aide judiciaire, on accompagne au tribunal administratif... » Eugène est ainsi devenu un bénévole à temps complet : « Une relation humaine s’est tissée au fil du temps et on est devenu la famille de ces jeunes migrants dont je suis en admiration : en dépit de leurs souffrances, ils savent rester calmes, dignes, souriants, respectueux. Ils sont très reconnaissants de ce qu’on fait pour eux. Ils invitent régulièrement à prendre le thé ou à partager un repas qu’ils préparent à la perfection. »
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