Laval. Agression mortelle à Evron : « Trouve de l'argent par n'importe quel moyen ! »

Ce vendredi 29 décembre 2015, Valentin a laissé le choix à Christophe : « Trouve de l'argent par n'importe quel moyen ! En attaquant une vieille, en volant un magasin, ou je te mets à la porte ! » Par peur de se retrouver à la rue, Christophe a choisi la première option. C'est ainsi que quelques heures après la menace, sa route a croisé celle de Jeanne Gagnant.

Impliqués dans l'agression mortelle qui a coûté la vie à cette Evronnaise de 78 ans, Christophe et Valentin comparaissent depuis mardi 22 mai aux Assises de la Mayenne. Après une première journée consacrée aux personnalités des accusés, la Cour a, ce mercredi, examiné les faits. Témoins, pompiers, gendarmes, médecin-légiste et entourage des deux mis en cause se sont succédé à la barre.

« Comment braquer une personne ? »

La menace de Valentin a eu lieu le matin. En début d'après-midi, après avoir pris les gants et la cagoule de celui qui l'héberge à Sainte-Gemmes-le-Robert, Christophe se rend à Evron. Non sans avoir, comme l'indique son téléphone portable, fait des recherches sur internet : « Comment braquer une personne ? », « comment voler comme un pick-pocket ? »

Vers 17h, Christophe est en centre-ville. « J'ai vu madame Gagnant entrer dans la ruelle. J'ai enfilé la cagoule et les gants. J'ai attendu qu'elle soit dans un coin sombre. » Il est alors 17h30. Un pistolet factice à la main, il menace la septuagénaire et lui ordonne à trois reprises : « Donne ton sac ! » Jeanne Gagnant ne sourcille pas. « J'ai pris peur. J'ai agrippé la lanière, j'ai tiré, elle est tombée. Quand elle était au sol, mon pistolet a heurté sa tempe. » Aux secours, Jeanne Gagnant a affirmé au contraire avoir reçu un coup.

Un butin de 53 euros

La victime est hospitalisée une première fois. Elle regagne son domicile dans la soirée et convulse dans la nuit. Elle décède le 2 janvier, des suites des blessures de son agression. Pendant ce temps, Christophe et Valentin ont dépensé le butin, 53 euros, en monnaie et tickets restaurant, dans une boulangerie et un restaurant. Lorsqu'il apprendra le décès de la victime, Valentin mettra Christophe dehors.

Tous les temoins du jour sont d'accord : Christophe est « influençable ». « Il était connu comme le petit chien de Valentin », a même déclaré un gendarme. A l'inverse, Valentin est « très colérique, très nerveux ». En garde à vue, Christophe, dans un premier temps, n'évoque pas la menace de Valentin. « J'avais peur des représailles », justifie-t-il.

« Quand je lui ai dis de taxer une vieille, je ne le pensais pas. Le fond de ma pensée, c'est qu'il ramène de l'argent, a tempéré Valentin. Je n'ai jamais pensé à une agression. Je l'aurais accueilli chez moi même sans argent. » 

Le verdict sera rendu jeudi 24 mai. Les deux accusés encourrent la réclusion criminelle à perpétuité.

• Qui était Jeanne Gagnant

En fin de matinée, Jérôme, fils de Jeanne Gagnant, a pris la parole pour évoquer sa mère. « Etaler ça devant tout le monde, c'est pas possible », a-t-il déclaré, tandis que ses sœurs et sa nièce ne pouvaient contenir leurs larmes. « Ma mère, elle était très active en fin de compte. Elle était trésorière de son club du troisième âge. Elle voulait partir sur l'île de la Réunion, qui est son île. » Jeanne Gagnant, dite Mimose, était née Payet. « On est peut-être même de famille », s'est désolé le fils de la victime, en regardant Valentin, dont le père est réunionnais.

Jeanne Gagnant avait fait un AVC en 2009. Elle vivait dans un logement social évronnais, au troisième étage. « Elle montait deux ou trois fois par jour ces trois étages. » La septuagénaire faisait ses courses le matin et retirait directement du liquide au magasin. A l'heure du drame, elle n'avait donc que très peu d'argent sur elle.